
Lors de son passage dans l’émission « 6 minutes chrono » de Lyon Capitale, Gérald Petitgand, président de la Fédération nationale des associations d’usagers de transport (Fnaut) en Auvergne-Rhône-Alpes, a exprimé ses préoccupations concernant la décision de la région de ne pas instaurer le versement mobilité prévu dans le budget 2025 de l’État. Selon lui, cette décision pourrait compromettre des investissements essentiels pour les transports régionaux.
« Nous sommes face à un mur d’investissement très important », a-t-il déclaré, soulignant le besoin urgent de nouvelles rames pour faire face à l’augmentation de 24 % du trafic depuis 2019. Il a également mentionné la nécessité de rouvrir des lignes ferroviaires, telles que celle entre Saint-Étienne et Clermont, et de développer des projets ambitieux comme les services express régionaux métropolitains (CERM) et le contournement ferroviaire de Lyon.
Interrogé sur la volonté de la région de ne pas alourdir la fiscalité des entreprises en renonçant au versement mobilité, M. Petitgand a reconnu cette préoccupation, mais a averti que sans cette ressource financière, « cela risque d’être compliqué » de financer les projets indispensables à l’amélioration du réseau ferroviaire régional.
Cette situation intervient alors que les usagers des TER en Auvergne-Rhône-Alpes font face à des retards et des suppressions fréquentes.
La retranscription complète de l’émission avec Gérald Petitgand
Bonjour à tous, bienvenue dans l’émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd’hui, on va parler des TER, des transports régionaux et de la gestion par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour en parler, nous sommes connectés avec Gérald Petitgand, président de la FNAUT de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La FNAUT, c’est la Fédération nationale des associations d’usagers de transport, qui regroupe 28 associations dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Bonjour Gérald Petitgand.
Bonjour, très heureux d’être invité.
On va rentrer dans le vif du sujet. Le budget 2025 de l’État permet aux régions d’instaurer un versement mobilité. La région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé ne pas l’appliquer. Vous avez publié un communiqué expliquant pourquoi, selon vous, ce n’est pas une bonne décision. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Merci. À l’échelle d’Auvergne-Rhône-Alpes, nous sommes face à un mur d’investissement très important. Nous ne nous opposons pas à ce choix, c’est la région qui assume ses décisions, mais nous avons quatre points essentiels concernant ce choc d’investissement attendu.
Premièrement, la commande de trains : il y a un manque flagrant de matériel. Le trafic a augmenté de 24 % depuis 2019 et les trains sont surchargés. Nous espérons une nouvelle commande après 2025.
Deuxièmement, la réouverture des lignes, notamment entre Saint-Étienne et Clermont, celle de la rive droite du Rhône, ainsi que d’autres en attente.
Troisièmement, l’État a mis en place les CERM (services express régionaux métropolitains) avec six RER identifiés pour la région.
Enfin, il y a de grands projets comme le contournement ferroviaire de Lyon et les accès Lyon-Turin. Comment ces projets seront-ils financés sans cette manne financière dont la région a décidé de se passer ? Cela nous inquiète.
Donc pour vous, la région se prive d’une ressource essentielle face à ce mur financier. Mais dans un contexte de restrictions budgétaires, où l’on tente de maîtriser les dépenses à tous les niveaux, ne s’agit-il pas aussi d’éviter de surtaxer les entreprises ? Car ces fonds sont prélevés sur les entreprises, n’est-ce pas ?
Oui, tout à fait. C’est pourquoi nous ne pointons pas du doigt la région. Nous comprenons le souhait de ne pas ajouter une taxe supplémentaire aux entreprises, qui paient déjà un versement mobilité au niveau des collectivités comme celle de Lyon. Toutefois, la région ne bénéficie pas de cette ressource, et au vu du choc d’investissement attendu, cela risque d’être compliqué. La région réclamait 5,7 milliards d’euros d’investissements, notamment avec le soutien de l’État. Mais concrètement, ces financements ne sont pas encore au rendez-vous.
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Article publié sur Lyon Capital, par Eloi Thiboud