Une réouverture indispensable
Il est difficile de trouver en France deux agglomérations aussi importantes (Rennes, aire urbaine 700 000 habitants et Saint Nazaire 220 000 habitants) et si proches (120 km) qui ne soient pas reliées par une liaison ferroviaire. Elle a bien existé mais a été coupée sur quelques kilomètres lors du doublement de la RN qui dessert Saint Nazaire. La quasi totalité du trafic entre les deux agglomérations se fait par la route au détriment de l’environnement, et du budget de ceux qui prennent leur voiture.
L’offre en transport en commun Rennes Saint Nazaire est très mauvaise, imposant un changement à Savenay, voire deux. Le car reste lent, et soumis aux contraintes des embouteillages et des entrées de ville. L’expérience montre qu’il ne dissuade pas beaucoup d’automobilistes de prendre leur voiture.
Les 12 km de l’emprise ancienne reliant Montoir à Pontchâteau via Besné, qui permettraient de mettre en place une liaison directe St Nazaire Rennes sont toujours disponibles, moyennant construction d’un pont routier. Des constructions sont cependant venues s’implanter à proximité et pourraient rendre la réouverture difficile et plus longue. A donc été envisagé aussi un raccordement à l’Ouest de Savenay s’il était confirmé que l’ancien tracé, plus rapide, ne pouvait être repris rapidement.
Faut-il attendre la Ligne Nouvelle Rennes Nantes ?
Après l’abandon de l’aéroport de Notre Dame des Landes, le contrat d’avenir signé entre les Régions Bretagne, Pays de la Loire et l’Etat prévoie les études de la ligne nouvelle (LN) Rennes Nantes, dont la première phase Rennes Redon serait théoriquement opérationnelle vers 2030. La seconde phase, soit une liaison nouvelle de Redon vers l’Estuaire et Nantes n’est pas actuellement envisagée.
Si l’objectif principal pour la Bretagne est d’accélérer la liaison vers la côte Sud (Vannes Lorient, Quimper), en doublant un tronçon Rennes Redon chargé et tortueux, pour les deux Régions cette ligne nouvelle permettra aussi des liaisons Rennes Nantes plus rapides (actuellement 1h15). La LN Rennes Redon permettrait un gain d’un quart d’heure.
La LN Rennes Redon devrait inciter aussi à ouvrir des liaisons St Nazaire Rennes, mettant Rennes à moins d’une heure de St Nazaire. La LN rendrait les TGV partant de Saint Nazaire un peu plus rapides par Rennes que par Nantes. Mais différents facteurs peuvent conduire la SNCF à garder des TGV par Nantes : péages moins coûteux, remplissage meilleur des trains, ….Le nombre de TGV Paris St Nazaire restera en toutes hypothèses limité.
La liaison vers Rennes, utile pour le fret et les voyageurs, nécessaire au plus vite
Une remise en service de la liaison vers St Nazaire reste techniquement indépendante de la LN Rennes Redon et a tout intérêt à être réalisé avant, pour les voyageurs et pour le fret, en évacuation ou vers le port. Après la réalisation de la LN , les liaisons St Nazaire Rennes renforceraient la rentabilité de la ligne nouvelle.
La récente étude de mobilité régionale a montré la croissance des besoins entre les secteurs de St Nazaire et de Redon, à mi chemin entre les deux grandes agglomérations. St Nazaire a bénéficié d’un grand dynamisme lié au Port, aux industries navales et de construction d’avions. Mais des activités portuaires sont actuellement fragilisées par la baisse de la consommation des combustibles fossiles. Saint Nazaire doit donc renforcer d’autres atouts comme les énergies marines, le tourisme, les activités tertiaires, qui nécessitent de bons modes d’accès et des déplacements économiques.
Pour le ferroviaire, transport d’avenir, le passage par Nantes est actuellement obligatoire. De bonnes liaisons extérieures sont indispensables, et celle avec Rennes serait utile, les deux agglomérations étant très complémentaires par leurs activités (formation, emplois, tourisme). Saint Nazaire et la côte d’Amour auraient tout intérêt à rouvrir un deuxième accès vers Redon et Rennes.
Une douzaine d’allers et retours journaliers en TER serait justifiée entre ces grandes agglomérations, desservant aussi des villes intermédiaires comme Pontchâteau, assurant une fréquence horaire aux heures de pointe, et avec un service soutenu aussi en WE. Les trains voyageurs seraient donc majoritaires, renforçant ainsi la rentabilité de la voie et les ressources pour la maintenance des voies.
Pour le fret portuaire, il serait prudent de doubler le passage sur l’axe chargé Nantes Angers, passant par le tunnel de Chantenay qui demande des précautions particulières, par un accès à Rennes, qui donne accès à la ligne classique Rennes le Mans, peu chargée après son doublement par la LGV.
Une liaison rapide électrifiée, produisant très peu de CO2 entre deux agglomérations où le trafic automobile est élevé, contribuerait à la transition écologique et énergétique. La remise en service de cette liaison birégionale n’était pourtant qu’évoquée pour évacuer le fret du Port de Nantes St Nazaire .
Les territoires de l’Estuaire (6 EPCI) allant de Pornic à Redon par l’Estuaire, regroupés dans ELLO (Estuaire et Littoral Loire Océan) viennent d’ailleurs de demander officiellement en octobre 2021 que le SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires) considère l »itinéraire ferroviaire St Nazaire Rennes par Pontchâteau et Redon comme prioritaire, d’intérêt national et interrégional, et répondant à la fois aux enjeux fret et voyageurs.
Dans le contexte climatique actuel, l’investissement devrait être réorienté prioritairement vers les objectifs alliant réponse aux besoins des habitants et diminution des impacts sur l’environnement. Les Régions doivent maintenant programmer cette liaison qui serait très utile aux voyageurs, et éviterait le recours systématique à la route.