Les vacances et les beaux jours sont enfin arrivés, et comme chaque année, des millions de Français vont sillonner le pays à bicyclette. Mais emprunter ce mode de transport doux ne semble pas de tout repos, notamment à cause du train (article du site Capital écrit par Sarah Younan).
@gilles_laurent_ , responsable des mobilités douces : pour s’assurer une place avec vélo dans un train, cela relève du "parcours du combattant" tant les règles appliquées dans les régions qui opèrent les TER diffèrent selon l’endroit où l’on se trouve…
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La France se rêve en première destination mondiale du tourisme à vélo en 2028. Il faut dire qu’en dix ans, le tourisme à vélo est devenu la première pratique d’itinérance touristique dans le pays , avec 22 millions d’adeptes par an, passant devant la randonnée pédestre, affirme le ministère de l’Economie. Un engouement qui hisse la France à la deuxième place mondiale des destinations préférées pour le vélotourisme, devant l’Allemagne. Mais pour atteindre son objectif de devenir leader mondial, le pays a encore du chemin à faire, selon la fédération nationale des usagers des transports (Fnaut). « Sans prise en compte du vélo dans le train comme enjeu majeur de l’intermodalité, la France n’atteindra jamais la première place », tacle dans le dernier bulletin d’information publié par la Fnaut lundi 15 juillet, Gilles Laurent, chargé du réseau mobilité douce.
L’association pointe du doigt le paradoxe entre la promotion par l’Etat de ce mode de transport doux et le manque de place dans les trains pour accueillir les vélos, ainsi que la complexité des règles de transport des vélos en train, qu’il s’agisse des TGV, des TER ou des Intercités. Ce manque d’interopérabilité, Guilhem, 34 ans, en a fait les frais l’été dernier lors d’un séjour à vélo avec des amis le long du canal du midi. « C’était une galère ! Pour prendre le train à Sète et rentrer à Toulouse, la seule solution qui s’offrait à nous était d’opter pour un TER car aucun TGV ne disposait d’un wagon où mettre le vélo,et, dans les rares Intercités dotés d’espaces vélos, il fallait réserver bien longtemps à l’avance. Or, quand on part en vélo, selon les aléas rencontrés sur la route, il est difficile de s’organiser en amont », rouspète le Toulousain. Un non sens pour ce féru de bicyclette, qui constate que « finalement, malgré la promotion de l’utilisation du vélo, le train s’avère être un obstacle, alors que les deux moyens de transports pourraient tout à fait se compléter ».
Partir en vacances à vélo, un « parcours du combattant »
Pour s’assurer une place avec vélo dans un train, cela relève du «parcours du combattant» , confirme Gilles Laurent, de la Fnaut. Les règles appliquées dans les régions, qui opèrent les TER, diffèrent selon l’endroit où l’on se trouve.
Dans les Pays de la Loire par exemple, la région demande à ce que les cyclotouristes impriment et collent une étiquette sur leur bicyclette. « Comme s’ils se déplaçaient avec une imprimante dans leur sacoche ! », s’exaspère le responsable des mobilités douces de la Fnaut.
Même lorsqu’aucune réservation n’est requise, le voyageur est confronté à un autre problème : le manque de place. Comme le souligne Guilhem, si le TER s’avère la solution la plus simple, « l’été, les trains sont bondés , beaucoup de gens circulent à vélo, et il y a trop peu de places pour accueillir tout le monde ». Pour y remédier, la région Occitanie a mis en place un système de réservation jusqu’à un jour avant pour s’assurer d’avoir de la place. Mais cela est valable uniquement durant la saison estivale.
D’autres régions comme la Bretagne ont revu à la hausse le nombre de places dévolues aux vélos. Au printemps 2023, 26 rames ont été réaménagées de manière pérenne et offrent désormais 14 emplacements vélos contre 6 avant, offrant ainsi pour l’été 112 378 places vélos pérennes contre 44 442 en 2022. Une prise en compte de l’augmentation du nombre d’usagers à bicyclette qui met plus de temps du côté de la SNCF.
En 2024, 48% des TGV disposent d’espaces vélos
Les emplacements vélos se font rares à bord des TGV INOUI, Ouigo et Intercités. Et les règles fluctuent selon que vous possédez un vélo pliable ou démontable ou non. En 2024, seulement 48% des TGV disposent d’espaces pour déposer son vélo. Ce qui représente deux à quatre places par rame. Un chiffre qui devrait passer à huit dans le courant de l’année avec l’arrivée des premiers TGV de nouvelle génération commandés à Alstom ainsi que dans les Intercités, et à seize places pour les OUIGO d’ici 2025.
Pour obtenir une place, chacun de ces trains dispose d’une réglementation là aussi différente. Les TGV INOUI distinguent les vélos pliables ou démontables des autres vélos. Pour les premiers, pas besoin de réserver ou de payer un supplément mais il faut impérativement qu’ils soient rangés dans une housse n’excédant pas 130 cm par 90 cm. En revanche, pour les autres il faudra payer un supplément de 10 euros lors de l’achat du billet. Mais les quelques places disponibles partent vite… Il faut donc s’y prendre bien à l’avance. Pour les Ouigo, la réservation peut se faire indépendamment de l’achat du billet et jusqu’à 10 minutes avant le départ, en payant 5 euros. Un service uniquement réservé aux vélos pliables ou démontables.
Pour les Intercités, c’est le même principe qu’avec les TVG INOUI, « les vélos pliés ou démontés sont acceptés gratuitement, tandis qu’un emplacement doit être réservé pour les vélos non démontables », indique la SNCF à Capital. Là aussi, il faudra prévoir de payer un supplément de 10 euros pour les Intercités de jour et de nuit à réservation obligatoire. Pour ceux qui n’imposent pas de réservation, le transport du vélo est gratuit, hormis sur les lignes Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux où il faudra s’acquitter de la somme de 5 euros. Toutes « ces usines à gaz , déplore Gilles Laurent, sont dues au seul manque de capacité des trains » et sont une exception française.
Cette idée de réserver une place vélo sur un train régional imposé n’existe nulle part ailleurs en Europe. Un peu de tourisme dans les pays voisins met en évidence notre colossal retard dans ce domaine.
Consulter l’article sur le site de Capital
Contact presse : Nina Soto, chargée de communication et relations presse Fnaut – 07 67 78 06 24
Crédit image : wal_172619 de Pixabay