La stratégie de SNCF Mobilités compromet l’avenir du rail, le gouvernement doit prendre ses responsabilités face à la dégradation des services.
La Fnaut s’est insurgée récemment contre la stratégie de SNCF (notre communiqué ci-dessous du 20 février 2019). Lors de son assemblée générale du 6 avril 2019, elle a approfondi son analyse des responsabilités du gouvernement dans les menaces graves qui pèsent sur l’avenir du rail.
La politique commerciale de SNCF Mobilités est catastrophique : économies à court terme (suppression d’arrêts et de points de vente, réduction de l’offre sur les LGV comme sur les « petites » lignes), tarifs excessifs… Cette politique dégrade profondément le service public, accentue la dépendance automobile et compromet l’avenir du rail, ossature naturelle du système de transport à moyenne et longue distance.
La Fnaut ne critique pas systématiquement la politique du gouvernement. Elle approuve la réforme de l’organisation de la SNCF, le traitement de la dette par l’Etat et la possibilité prochaine d’exploiter les services TER et TET en délégation de service public. Ses critiques portent sur les trois points suivants.
Le sous-investissement dans les infrastructures ferroviaires
Les financements prévus pour moderniser le réseau ferré classique ne sont pas à la hauteur des enjeux : les ralentissements (sur plus de 5 000 km de lignes) et fermetures de lignes se multiplient. Selon tous les experts, le déficit de financement est d’un milliard d’euros par an. Les grands projets (LGV pour les voyageurs, CFAL et accès au tunnel interfrontalier de la liaison Lyon-Turin pour le fret) ont été complétés par les sénateurs : la Fnaut attend que les députés les confirment.
Les conditions de concurrence entre modes de transport
Les conditions de concurrence entre le rail et les autres modes de transport (avion, autocar, automobile, covoiturage longue distance) sont inéquitables, elles pénalisent le rail et entravent son développement : le trafic ferroviaire actuel est très inférieur au trafic potentiel.
Pourquoi les trains paient-ils des péages pour utiliser les voies ferrées alors que les cars Macron et les camions n’en paient pas pour utiliser les routes ?
Pourquoi la TVA appliquée au transport public, que le gouvernement dit vouloir favoriser, est-elle au taux de 10 % et non 5,5 %, comme pour d’autres produits et services de première nécessité ?
La Fnaut interpelle le gouvernement
Pourquoi le gouvernement laisse-t-il SNCF Mobilités, véritable Etat dans l’Etat, mettre en œuvre cette stratégie suicidaire, contraire aux intérêts des voyageurs et aux objectifs officiels – développement du trafic ferroviaire et aménagement rationnel du territoire – au lieu d’exiger que l’entreprise réduise en priorité ses coûts de production ?
Pourquoi les lois ferroviaires de 2014 et 2018 ne sont-elles pas respectées ? Pourquoi le schéma national des services ferroviaires, annoncé depuis 4 ans, n’a-t-il toujours pas été élaboré et soumis au Parlement ?
Il est urgent que le gouvernement renforce le financement des infrastructures ferroviaires, corrige les conditions inéquitables de concurrence entre modes de transport, et impose à SNCF Mobilités un changement drastique de stratégie, conforme aux besoins des voyageurs et des territoires.