Le Chef de l’Etat a justifié la libéralisation du transport à longue distance par autocar à partir de données économiques et écologiques contestables. Il a passé sous silence les risques que cette libéralisation présente pour les voyageurs.
Le prix de l’autocar pour le voyageur
L’autocar n’est ni 8 à 10 fois moins cher que le train, comme l’affirmait récemment le ministre de l’Economie, ni 4 fois, comme l’affirme aujourd’hui le Chef de l’Etat.
En réalité, l’autocar est, en moyenne, environ deux fois moins cher que le train. Certains tarifs SNCF sont même compétitifs avec ceux de l’autocar (et même du covoiturage) pour les voyageurs acceptant des contraintes sur l’horaire et la durée du voyage.
Et le train offre souvent plus de vitesse, de sécurité et de confort que l’autocar.
Le bilan écologique de l’autocar
Selon l’écocomparateur de l’ADEME, le train est, en moyenne, moins consommateur d’énergie et moins émetteur de gaz à effet de serre que l’autocar. Que des véhicules « propres » puissent améliorer sensiblement le bilan carbone de l’autocar reste à démontrer.
D’autre part le transfert de services ferroviaires sur l’autocar engendre généralement des reports de trafics sur la voiture qui dégradent fortement le bilan énergétique du transport.
Les besoins des voyageurs
Il est certain que des services réguliers d’autocar doivent être créés sur des itinéraires actuellement non desservis par le train, afin de répondre à des besoins non satisfaits de mobilité.
Mais il est choquant que le Chef de l’Etat préconise l’autocar pour assurer des liaisons sur lesquelles l’Etat a laissé se dégrader le chemin de fer alors qu’il pouvait être modernisé, offrir une qualité de service bien supérieure à celle de l’autocar et desservir correctement les villes intermédiaires du parcours.
L’incohérence de la politique des transports
Le Chef de l’Etat vante les mérites de la concurrence dans le secteur des transports. Qu’attend donc le gouvernement pour l’introduire dans le secteur ferroviaire et ainsi améliorer ses performances ?
La Fnaut est favorable à la concurrence entre opérateurs d’un même mode, mais hostile à la concurrence entre modes. Une politique cohérente consiste à organiser une complémentarité entre le train et l’autocar et à égaliser leurs conditions de concurrence, qu’il s’agisse des infrastructures ou des conditions d’exploitation.