Alors que la sécurité routière s’est fortement dégradée depuis deux ans, le sénateur LR Alain Fouché, soutenu par l’association 40 millions d’automobilistes, propose de supprimer l’amende forfaitaire infligée aux conducteurs ayant dépassé de moins de 10 km/h la vitesse maximale autorisée.
Un sénateur ignorant
Le sénateur Alain Fouché ignore manifestement quelques données de base de la sécurité routière.
– La loi empirique de Nilsson est bien vérifiée dans tous les pays : sur route, la probabilité d’accident mortel est proportionnelle à la puissance 4 de la vitesse moyenne (en ville, à la puissance 2,5). Si on réduit de 1% la vitesse moyenne, on réduit de 4% le nombre des accidents mortels.
– Si chaque petit excès de vitesse ne présente qu’une faible probabilité de provoquer un accident grave, ces infractions sont extrêmement nombreuses et c’est leur répétition qui renforce l’insécurité routière.
– Dans une étude réalisée à la demande de la Fnaut, des experts de l’IFFSTAR et de l’université de Lyon ont démontré que, sur route, les excès de vitesse inférieurs à 10 km/h provoquent deux fois plus d’accidents mortels que les excès supérieurs à 20 km/h, devenus heureusement moins fréquents.
Une proposition démagogique
En accréditant l’idée fausse que les petites infractions au Code de la route sont sans réel danger, l’appel du sénateur Alain Fouché à l’indulgence constitue un signal déplorable donné aux automobilistes.
La dégradation de la sécurité routière exige au contraire des mesures fermes de maîtrise de la vitesse, telles qu’une réduction de 10 km/h de la vitesse maximale autorisée sur l’ensemble du réseau routier et la généralisation du 30 km/h en ville suivant l’exemple grenoblois, afin de provoquer un choc psychologique et de modifier massivement le comportement des conducteurs.
La Fnaut attend des sénateurs qu’ils résistent aux groupes de pression pour lesquels la vie humaine passe après le bon plaisir des automobilistes, et demandent au contraire au gouvernement de renforcer sa politique de sécurité routière.
La Fnaut préconise par ailleurs une nouvelle étape de développement des transports publics, afin de réduire le nombre des véhicules en circulation et de faire ainsi baisser l’insécurité routière.