La Fnaut a adressé aux candidats cinq questions simples et directes leur permettant de s’engager et/ou de partager leurs choix sur la mobilité des 5 années à venir
1. Méthode
La Fnaut ne disposant pas de gros moyens a fait le choix d’une double approche :
– Répondre aux sollicitations des équipes de campagne qui manifestent le désir de connaître les propositions et exigences des usagers.
– Adresser un courrier aux candidats posant cinq questions simples et directes permettant aux candidats de s’engager et/ou de partager leurs choix sur la mobilité des 5 années à venir.
Les 5 questions portent sur la place du ferroviaire dans la mobilité et sa part de marché, l’équité entre les modes de transport et la prise en compte des externalités, l’effort consacré aux transports publics en milieu urbain et périurbain, le rôle des usagers et de leurs associations dans la construction des politiques de mobilité et le contrôle de leur exécution, l’égalité entre droit de grève et droit des usagers aux fins d’actualiser la loi sur le service garanti.
2. Les sollicitations des candidats
Quatre candidats nous ont sollicité via leur équipe de campagne :
– LR nous a convié à deux rencontres, la 1ère avec Mme Carrère Gee directrice adjointe de la campagne, la 2ème avec Xavier Bertrand, entouré à distance des présidents et vice-présidents de Région (Rottner, Tabarot, Marleix).
La réunion a également rassemblé la FNTV, « Que-Choisir », et « 40 millions d’automobilistes » afin de couvrir l’ensemble du champ des mobilités.
– LREM : Une rencontre a eu lieu avant la déclaration du candidat avec Madame Keller, Paulin Demonthon (Mr Zulesi était excusé).
– EELV : La Fnaut a rencontré Madame Soulary coordinatrice de la campagne et Vincent Dubail responsable transport.
– Reconquête : une visio-conférence s’est tenue avec le responsable transport et mobilité de la campagne.
– L’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon nous a répondu.
– L’équipe d’Anne Hidalgo a manifesté son intérêt pour les propositions de la Fnaut et nous a adressé ses réponses.
– Les autres candidats ne nous ont pas sollicité mais nous envoient leurs réponses en particulier le Rassemblement National.
3. L’analyse comparée des réponses au courrier de la Fnaut
Globalement les principaux candidats ont bien répondu à notre courrier puisque Mr Macron, Madame Pécresse, Mr Jadot, Mr Melenchon, Mme Hidalgo et Mr Zemmour nous ont adressé une réponse. Reste celle de Mme Le Pen qui ne nous est pas encore parvenue.
– Les courriers reçus répondent à la démarche à savoir, peu de questions, mais précises exigeant des réponses également précises.
– Les équipes de campagne connaissent assez bien le secteur et ses problématiques. Les réponses se positionnent clairement sur l’échiquier politique, qu’il s’agisse de la place de la voiture, de la place allouée aux usagers, du droit de grève, au regard du droit des usagers. La crédibilité des réponses varie avec l’expérience gouvernementale (ou son absence) du parti représenté :
– Les candidats d’extrême droite portent une attention affirmée et presque exclusive à la voiture comme moyen de se déplacer et par voie de conséquence proposent une baisse des taxes pour tous sans en préciser le coût.
– Les autres candidats respectent une plus grande complémentarité des modes, en particulier dans les zones peu denses et affirment nécessaire une grande politique d’investissement dans les transports publics, le ferroviaire, le vélo au regard du défi climatique.
– Les candidats qui défendent une politique ferroviaire ambitieuse souhaitent à l’unanimité accroître d’1 milliard par an l’enveloppe du contrat de performance. Hormis LREM, aucun cependant ne mentionne ou ne privilégie les autres investissements engagés (renouvellement du parc dans le cadre du transfert aux Régions de 18 des 24 intercités), Lyon-Turin, fret, 1er et 2ème phases des lignes LGV, autant d’investissements qui doivent être confirmés dans la durée. LREM détaille les investissements à réaliser pour les intercités, les trains de nuit, les RER métropolitains.
– S’agissant des transports urbains, tous s’accordent à poursuivre leur développement, mais selon des modalités et des modes de financement différents. LREM et LR insistent beaucoup sur les nouvelles formes (co-voiturages, autopartage), sur le vélo, tout comme LFI ET EELV. Le Parti Socialiste renvoie aux décisions des AO dès que leurs ressources seront abondées, comme LFI.
Ils sont peu favorables aux appels à projet auxquels leurs adhérents ont pourtant répondu massivement.
– On relève quelques contradictions néanmoins chez les candidats les plus à gauche : les Verts et LFI veulent limiter le nombre de camions et promettent de développer le fret mais abandonnent le Lyon-Turin qui permet justement de limiter les poids lourds. Ils veulent néanmoins traiter le nœud ferroviaire lyonnais alors qu’il fait partie des voies d’accès au Lyon-Turin et que l’Europe s’engage à le financer à hauteur de 50 à 60%. Il en est de même pour les LGV souvent remises en question alors que les premières phases visent à accroître les sillons disponibles en sortie et entrée des métropoles de Nice, Marseille, Bordeaux, Toulouse répondant ainsi aux besoins de transport du quotidien et au contournement fret des métropoles.
– Les thématiques de concurrence, de statut de la SNCF et des cheminots restent vives (LFI, PC). Aucun des candidats ne propose d’évolution législative pour donner plus de garanties au droit des usagers par rapport au droit de grève. Mr Melenchon abolit carrément la loi sur le service garanti. Mme Pécresse l’améliore à la marge en portant à 72h au lieu de 48h le délai pour se déclarer gréviste. LREM propose des concertations tripartites syndicats-usagers-État.
– À notre grande satisfaction, la plupart des candidats (hormis Mr Zemmour) se déclarent favorables au rôle des associations d’usagers et à leur financement pérenne leur permettant de remplir les droits et obligations qui leurs sont conférés par les lois successives.
4. Conclusion
La Fnaut apprécie à sa juste valeur les propositions diverses des candidats dans cette période d’incertitude et de transformation importante de l’environnement des mobilités.
Elle est cependant un peu déçue, de façon variable selon les réponses, du manque d’ambition des programmes pour répondre au défi du changement climatique, réduire au maximum la dépendance automobile et garantir au plus grand nombre une offre de service de mobilité répondant à leurs besoins et à leur droit à la mobilité.
Après les annonces successives du premier ministre, après le 4ème appel à projet, après les 2 années de COVID, la Fnaut attend un engagement plus fort qui soit une nouvelle étape dans l’histoire moderne des mobilités et demande au candidat élu d’oser la mutation technologique et climatique.
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