Un « protocole d’accord » sur le volet Mobilités du CPER des Hauts-de-France a été validé en Conseil Régional ce 23 Novembre. Ce protocole d’accord constitue une première étape destinée à fixer les participations Etat et Région. La vraie signature du volet Mobilités avec d’autres partenaires aura lieu au printemps 2024 et sera soumis à une consultation publique.
Ce protocole précise que l’État et le conseil régional consacrent un engagement financier annuel sur 2023-2027 « plus de deux fois supérieur à celui de la période 2015-2022 » (initialement 2015-2020 : les budgets prévus ont juste été étalés jusque 2022). Or si on ajoute les CPER 2015-2020 du Nord Pas de Calais et de la Picardie, on aboutit à une part Etat + Région de 1218 M€. Le nouveau CPER (1386 M€) n’est donc supérieur que de 14%, contre 18% pour l’inflation… De plus, si on se limite à la partie ferroviaire, le protocole annonce 849 M€ alors que dans le CPER 2015-2020 le total annoncé était de 741 M€, soit + 14% aussi ! Les « 100 milliards d’euros pour le ferroviaire» annoncés en grande pompe par le gouvernement ne ruissellent pas jusqu’aux Hauts-de-France !
Mis à part un budget dédié au futur SERM (RER lillois), on ne voit pas dans ce CPER d’inflexion majeure de la politique des transports permettant un report modal massif notamment pour le fret, ce qui serait nécessaire pour respecter nos engagements climat. Ce CPER développe la route (RN2 et RN31, sans compter que des financements supplémentaires pour « l’adaptation et la modernisation du réseau routier national s’inscriront en dehors du CPER » ) et on fait du saupoudrage, très utile néanmoins, sur le ferroviaire fret (aucun investissement lourd de capacité à ce titre… ).
Le programme de rénovation des petites lignes ferroviaires ne concerne en fait que 2 lignes : Laon Hirson et Boves Compiègne. Nous ne voyons apparaître aucun crédit pour la rénovation de la ligne Abbeville Le Tréport fermée en 2018, qui a pourtant fait l’objet de maintes promesses à tous les niveaux de la Région et de l’Etat (voir annexe ci dessous). La Fnaut HdF s’en étonne et demande instamment que ce projet, dont la remise en service était promise pour 2028, soit poursuivi. Il est peu compréhensible également que, après des mois de fermeture pour rénovation, il soit une fois de plus nécessaire de fermer la ligne Abancourt-Le Tréport pour, cette fois ci, rénover des ouvrages d’art ! Cette succession de fermetures pour diverses raisons empêche toute fidélisation de la clientèle. La ligne Ascq-Orchies, fermée en 2015, n’a aucun crédit prévu non plus.
Enfin, la partie routière du CPER est presque entièrement dédiée à la RN2, un investissement sur route nationale qui devrait être 100% financé par l’Etat. La Fnaut HdF n’est pas favorable à cet investissement qui va conduire à augmenter la circulation routière et va réaliser une quasi autoroute gratuite au bénéfice du trafic des camions Paris – Belgique.
Et pour les véloroutes, la Région prévoit le même montant (10 M€) qu’en 2015 pour un territoire deux fois plus grand !
Annexe :
Ligne SNCF Abbeville Le Tréport :
Des études avaient démontré la nécessité de faire des travaux d’envergure pour désenclaver le bassin du Vimeu et redynamiser les entreprises locales. Cette ligne est indispensable pour connecter Le Tréport au reste des Hauts de France vers le littoral, Lille ou Amiens.
Pour rappel, en 2018 la région estimait les travaux à 40 millions ; 5 ans plus tard selon la SNCF le montant de la facture s’élèverait à 140 millions !! Pourtant, 6 mois après la fermeture de la ligne Abbeville Le Tréport, celle d’Epinal – Saint Dié (50 km) était également fermée : 3 ans plus tard avec 21 millions de travaux (dont 40% financés par l’Etat), 6 passages à niveau et 2 tunnels rénovés, elle a réouvert. Et on va nous faire croire que pour 34 km, les travaux coûteraient 140 millions ??
100 milliards ont été annoncés par le gouvernement pour rénover le ferroviaire. Le chef de l’Etat est venu à 2 reprises à Amiens et s’est engagé sur l’avenir de la ligne :
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le 21 novembre 2019, le Président MACRON, Madame BORNE et Monsieur FARANDOU, président de la SNCF, affirment que la ligne d’ABBEVILLE est un symbole pour l’Etat et Madame BORNE de rajouter « l’objectif c’est d’aller au plus vite pour rouvrir cette ligne ».
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le 22 Novembre 2021, Mr MACRON rencontre les élus et notamment Mr DELEPINE, maire de Mers les Bains. Il affirme : L’Etat et la Région se sont accordés sur un plan « petites lignes » qui permettra de sauver 541 kilomètres moyennant un investissement de 825 millions d’euros (40 % État / 60 % Région) dans les dix ans à venir.
Alors que l’urgence écologique nécessite un report modal sur le ferroviaire, que la route entre Abbeville et Le Tréport est saturée avec les salariés qui n’ont d’autre choix qu’utiliser leur voiture personnelle, alors que les entreprises du Vimeu peinent à recruter par manque de transport, on accepterait de laisser mourir cette ligne ?