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Les prix trop élevés du train...

05 Août 2024

Interrogé par Le Journal du dimanche, Michel Quidort, vice-président de la Fnaut, pointe un paradoxe : malgré des prix aussi salés qu’opaques et un service critiqué, la SNCF n’a jamais compté autant de voyageurs dans ses trains.

Les fourmis vont chanter cet été. Les cigales peuvent pleurer, il fallait anticiper pour trouver des billets à des prix modérés. Hervé a réservé tous ses trajets en TGV dès l’ouverture des ventes, le 13 mars, au meilleur tarif possible. Il reconnaît que rester un aficionado du train demande une anticipation ou un budget qui ne sont pas accessibles à tous. Peu adepte de la planification rigide, Marine bénéficiera quant à elle du prêt providentiel de la voiture parentale pour ses pérégrinations estivales : une libération pour cette jeune enseignante, ravie d’échapper à la facture salée. De son côté, Sophie, contrainte de prendre le train, ne sursaute même plus en jetant un œil au prix des billets du mois d’août : « Ça fait longtemps que j’ai abandonné… »

Plus on commande tard, plus c’est cher !

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confirme Michel Quidort, vice-président de la Fnaut. Le prix est le principal obstacle à l’usage du train, que seul un Français sur deux a pris lors des douze derniers mois, selon une étude de l’Ifop pour la Fnaut publiée en juin. Pour l’offre purement commerciale de la SNCF, celle des TGV, la tarification est aussi élevée qu’opaque. Pas simple de trouver dans votre rame quelqu’un qui aura payé le même tarif que vous : ce sont les joies du « yield management », la variation des prix en fonction de l’offre et de la demande. Au cœur de l’été dernier, le prix plafond des billets pour les cartes Avantage a été relevé de dix euros. Dans l’ensemble, la SNCF assure que les prix ont été maintenus en-deçà de l’augmentation du coût de l’énergie, mais les usagers constatent qu’en pratique, les tarifs – ou les contraintes associées – sont toujours plus prohibitifs.

Les gens attendent de l’offre, mais l’État applique un pur principe économique… C’est un choix politique, faire payer le voyageur plutôt que le contribuable

regrette Michel Quidort, qui aimerait davantage de concurrence, dont les effets vertueux ont été observés pour la ligne Paris-Lyon par exemple.

Au-delà de la jungle des prix, un autre frein identifié est la qualité du service, lui aussi éclaté en une multitude de plateformes numériques dénombrées par la Fnaut, qui préconise de les fusionner au maximum. Les retards pèsent : la SNCF revendique 80 % de TGV et 92 % des TER à l’heure au premier semestre, alors que la fréquentation a augmenté de respectivement 10 et 12 %. L’incertitude aussi, notamment la crainte des grèves, dont la menace a encore été agitée avant les JO. « Alors qu’ils ont échappé à la réforme des retraites… » siffle Hervé. Les souvenirs pénibles jouent enfin, comme ce trajet épique de Sophie, en TER, vers la Bourgogne : « Sans réservation, il y avait deux fois plus de voyageurs que de places, il y a eu un malaise, j’avais l’impression d’être dans le métro parisien… Tout un voyage collés, debout, et les agents de la SNCF qui n’ont lâché qu’un “bon voyage” sur le quai ! Je ne demande pas non plus le service de l’Orient-Express, seulement d’avoir une place et que ça roule… » Malgré les nombreuses absurdités qu’elle décline volontiers, elle reste une habituée du train.

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Article du journal Le Journal du dimanche, par Humbert Angleys

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