Samedi 7 décembre, 17 h 30. Il y a bien deux cars Nomad en attente d’assurer les transferts vers Avranches ou Saint-Lô sur le parking de la gare de Granville. On se rapproche du bâtiment, les néons lumineux sont allumés à l’extérieur, mais quelques-uns se cassent le nez sur les portes vitrées : la gare elle-même est fermée.
Emmitouflé et bagage à la main, un voyageur attend un car dans les bourrasques de vent. « J’ai bien été prévenu que mon train pour Paris était annulé, mais j’avais trouvé un car pour Rennes sur le site de la SNCF, puis un train Rennes – Paris », explique t-il.
Un principe de précaution
Oui mais voilà, le car, supposé être de la compagnie bretonne BreizhGo selon son billet SNCF, n’est jamais arrivé. « Là, je n’ai été prévenu de rien. Je vais devoir attendre lundi pour prendre un train. Le plus compliqué sera le remboursement de mes 40 €, présume t-il, fataliste. Je fais ce trajet depuis 40 ans. Avant, on prenait le calendrier de l’année de la SNCF, il y avait trois couleurs de tarification et on mettrait trois heures pour faire Paris – Granville. Aujourd’hui, les tarifs ne sont jamais les mêmes, on s’approche des 3 h 30 et il y a souvent des retards et des annulations. »
Les trains normands ont en effet tous été annulés pour cause de tempête Darragh, ce week-end du 7 et 8 décembre. Daniel Grébouval, président normand de la Fnaut, fédération d’usagers :
Dès que le vent dépasse 100 km/h… C’est un principe de précaution et un vrai sujet. Dès qu’il y a du vent, des arbres tombent et obstruent la voie ferrée. Beaucoup d’éléments plaident pour arrêter les trains. Le risque est qu’ils soient bloqués sur la voie avec des voyageurs à bord, voire que des trains déraillent.
Sur le réseau normand, « les lignes Paris – Granville et Caen – Rennes sont souvent obstruées ». Le représentant des usagers estime donc que la SNCF a des circonstances atténuantes. « Ces annulations n’arrivent pas qu’en Normandie, mais davantage en Normandie, surtout dans le Cotentin où le vent est le plus fort. »
Pas suffisamment de coupes ?
« Mais il faut sortir de cette situation, dont nous avons du mal à nous satisfaire car le train n’est pas fiable, poursuit Daniel Grebouval. Cela renvoie à la question de couper les arbres le long des voies. À leur décharge, ils ne peuvent plus couper à partir du 15 mars, en raison de la législation sur la nidification des oiseaux. »
Selon les chiffres de la SNCF, 33 agents spécialisés sont affectés à cet entretien en Normandie pour un budget annuel de 3 millions d’euros. « Leurs équipes s’épuisent. SCNF réseau Normandie est celle qui met le plus de moyens dans l’entretien des arbres, admet le président de la Fnaut Mais nous avons le sentiment que la SNCF ne coupe pas suffisamment pour régler le problème. »
En l’occurrence sur des terrains appartenant à la SNCF, à des collectivités ou à des propriétaires privés. « Comme EDF, la SNCF a un pouvoir de police auprès des propriétaires pour faire couper les arbres qui sont trop près de la voie. La SNCF use probablement trop peu de ce pouvoir de police. »
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Conditions d’échange et de remboursement
Article paru dans Ouest France, écrit par Christophe Leconte
Crédit image : SNCF