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2023 : Toujours trop d’argent pour la route

09 Déc 2023

Alors que l’autoroute A10 vient tout juste d’être élargie à trois voies entre Tours et Sainte-Maure, on entend déjà parler de poursuivre cet élargissement plus au sud (70 km). Ces travaux, qui profiteront principalement au concessionnaire privé Vinci, visent à rendre l’autoroute toujours plus attractive, alors que dans le même temps, la France doit réduire le volume de ses transports carbonés, qui représentent 30% de nos émissions de GES (Gaz à Effet de Serre).

Dans une logique semblable, la D943, entre Cormery et Chambourg sur Indre (14 km) bénéficie d’un chantier d’élargissement à 2 x 2 voies, avec création de 3 nouveaux giratoires. Ces travaux ont pour but, nous dit-on, de sécuriser cette route très fréquentée, et de faciliter les dépassements de camions ou de véhicules lents. Avec une vitesse autorisée à 110 km/h, le temps de parcours doit gagner moins de deux minutes. Grignotant de substantielles et bonnes agricoles, ce projet va avoir d’autres effets délétères, à commencer par une augmentation des GES, là aussi en raison d’un accroissement du trafic, mais aussi de la vitesse.

vue d'autoroute
LGV Paris Bordeaux-Tunnel de Vouvray © Reuilly-Neuillé blogspot.com

Dans le même temps, la ligne TER Tours-Loches, pour laquelle la Région a déjà dépensé 40M€, et doit encore injecter 15M€ pour régénérer les voies, a du mal à remplir ses 6 allers/retours quotidiens, en raison d’une différence de tarif rédhibitoire entre le train et le car (9€ contre 3€ hors abonnement). Il est malheureusement à prévoir que le temps de parcours entre ces deux modes, aujourd’hui à peu près identique, profitera largement au car à l’issue des travaux, mettant encore plus à mal l’attractivité du train, pourtant nettement plus vertueux.

Quant au frêt ferroviaire, il est à son plus bas niveau historique et l’on attend des décisions fortes de l’État pour y remédier. Il est plus que temps de mettre les poids-lourds sur les trains, ce qui devrait directement faire baisser leur nombre sur les routes et les autoroutes, réduire les coûts d’entretien des chaussées (payés par tous les contribuables), et contribuer à rendre inutile l’élargissement des autoroutes.

Alors que le gouvernement nous a annoncé un grand plan pour le ferroviaire permettant de faire rouler plus de trains de tous types (TGV, Intercités, trains de nuit, TER, fret et ferroutage), on découvre chaque mois qui passe que celui-ci n’aura sans doute pas les moyens de ses belles ambitions, et que les projets routiers et autoroutiers risquent d’avoir encore de beaux jours devant eux.

Le montant de ces deux chantiers est estimé à 606 M€ pour l’autoroute et 34 M€ pour la D943. Face à l’urgence climatique, une telle somme devrait être fléchée vers des projets écologiquement plus vertueux, et en priorité là où l’argent manque cruellement.

Par comparaison, avec un tel budget, on pourrait par exemple financer à la fois : une branche de tramway vers Saint-Pierre-des-Corps (200 M€), la régénération de Loches-Buzançais pour relier Tours et Châteauroux (70 M€), l’électrification de la ligne Tours-Le Mans (120 M€), l’achat de 10 nouvelles rames de TER (200 M€), et l’équipement de batteries électriques pour 10 rames TER au diesel, ceci pour les lignes de courte distance (60 M€) comme Tours-Chinon et Tours-Loches.

L’ADTT qui a combattu par le passé, et avec succès, l’inflation routière en Touraine (extension du périphérique, projet A10 bis…) se doit de rappeler que l’urgence climatique prime et combien il importe de changer rapidement de logiciel.