Près de 150 ans d’histoire
La ligne a été déclarée d’utilité publique, par la loi du 19 juin 1868. Elle a été mise en service par l’Administration des chemins de fer de l’Etat de Joué-lès-Tours à Loches le 15 juillet 1878, de Loches à Châtillon-sur-Indre le 27 octobre 1879, et de Châtillon à Châteauroux le 18 juillet 1880. Partie d’un itinéraire de Tours à Montluçon, elle a été cédée par l’État à la Compagnie du Chemin Fer de Paris à Orléans en 1883.
Intégrée plus tard dans le réseau SNCF,la section Loches – Châteauroux est fermée au trafic voyageurs au début des années 70, puis, en 2011, c’est la section Buzançais – Loches (45 Km) qui est fermée au trafic frêt, imposant un allongement du parcours de 120 Km de l’Indre vers les ports de l’Atlantique en passant par Vierzon.
Des voyageurs seulement entre Tours et Loches
Aujourd’hui, la ligne n’est donc exploitée qu’entre Joué-lès-Tours et Loches (47 Km) pour les voyageurs et le frêt (train complet de céréales), et entre Buzançais et Châteauroux uniquement pour le frêt de céréales, seule la section entre Loches et Buzançais étant neutralisée et désormais inutilisable, car en très mauvais état, avec certains passages à niveaux (PN) déferrés. C’est en car que s’effectue la liaison entre Tours et Châteauroux, avec un temps de trajet entre 2h30 et 3h.
A la fin de la dernière décennie, la section de Tours à Loches est victime de son mauvais entretien et une limitation temporaire de vitesse (LTV) est imposée, le temps de parcours entre Tours et Loches dépassant les 60 minutes. Une seconde LTV devait alors porter le temps de parcours à environ 90 minutes pour une cinquantaine de kilomètres, débouchant sur une fermeture de la ligne aux voyageurs. Jugeant cette situation inadmissible, l’ADTT s’est mobilisée avec d’autres d’autres associations, des élus et la Région.
L’état souhaitant se désengager, la Région Centre-Val-de-Loire a repris à ses frais la remise en état de la ligne entre Tours et Loches pour maintenir le trafic voyageurs. De novembre 2021 à août 2022, elle a engagé des travaux de réfection complète entre Joué-les-Tours et Reignac pour un montant de 35 M€. La section Reignac – Loches (18km) doit être rénovée en 2025 pour un montant estimé à 25 M€.
Aujourd’hui, l’offre est de 6 allers-retours quotidien en semaine, qui desservent la totalité des 9 gares entre Tours et Loches, ce qui explique en partie un temps de parcours toujours supérieur ou égal à l’heure. L’amplitude (toujours en semaine) ne donne en revanche pas encore satisfaction, puisque si l’on veut faire l’aller-retour dans la journée, on ne peut rester à Tours que de 8h20 à 18h53, et à Loches de 9h05 à 17h08.
Si l’on peut espérer un gain de quelques minutes grâce aux travaux à venir, le temps de parcours pourra difficilement atteindre un temps compétitif à la voiture (45 mn environ), ceci à l’unique condition de faire des semi-directs qui ne s’arrêtent pas dans les plus petites gares, et donc d’augmenter l’offre.
Rétablir la ligne de Tours à Châteauroux ?
Lors de la réouverture de la ligne Tours-Loches, fin aout 2022, Philippe Fournié, Vice-Président de la Région en charge des mobilités, déclarait qu’« on voit bien qu’il manque une liaison ferroviaire entre Tours et Châteauroux » , et annoncé « des études de la rénovation financées grâce au prochain contrat plan État-Région ».
Suite à ces déclarations, deux conseillers régionaux de l’Indre et de l’Indre-et-Loire, Dominique Boué et Isabel Teixeira, considérant primordiale la réouverture de l’intégralité de la ligne, ont organisé une série de réunions publiques, à la suite de quoi une association (LCCLT, pour Urgence Ligne Châteauroux-Châtillon-Loches-Tours) a été créée pour servir d’interlocutrice avec l’État et la Région et démontrer l’existence d’une attente de la population. Le volet mobilités du CPER 2023-2027 a en effet validé un financement pour des études, c’est à l’aune de leurs résultats qu’une décision de travaux en vue de la réouverture sera décidée.
On estime que la remise en service de Loches à Châteauroux pour le frêt et le trafic voyageurs demanderait de mobiliser au minimum 240 millions d’euros, et ne saurait intervenir avant 2040. Si l’intérêt pour les usagers est évident, le chantier est donc immense et le coût très important pour la Région. Le tracé, comme de nombreuses lignes secondaires à voie unique, est relativement sinueux. Il est presque entièrement parrallèle à la route départementale 143, dont il dessert les mêmes petites agglomérations. On y trouve de nombreux passages à niveau, qu’une mise en circulation aux voyageurs obligerait à automatiser voire à supprimer. Ainsi, dans tous les cas de figure, sauf à modifier sensiblement le tracé, il sera difficile de relier les deux préfectures départementales en moins de 2h30, sauf avec des directs ou semi-directs, mais toujours avec un minimum de 2h.
En attendant, une liaison via Vierzon
En attendant une telle échéance encore incertaine, des besoins en mobilité existent d’ores et déjà entre les deux prérectures, qu’il s’agisse de travail, d’études, de services de santé ou autre.
En préalable à cette réouverture, il nous semble indispensable d’améliorer notablement les conditions de circulation et les performances entre Loches & Tours qui demandent toujours entre 60 & 62’ et prévoir une voie de croisement à Montbazon ou à Cormery.
S’agissant de la liaison entre Tours et Châteauroux, le trajet en car étant extrêmement long, nous souhaitons proposer une expérimentation de trains directs via Vierzon. Une telle offre permettrait en effet de ne pas perdre le temps nécessaire au changement à Vierzon qui, du fait de possibles retards, ne peut être inférieur à 10 ou 15 minutes. Actuellement, un trajet avec correspondance à Vierzon, nécessite un temps entre 2h08 et 2h20. Avec un nombre réduit d’arrêts, le temps total pour un train direct pourrait donc aisément être inférieur à 2h, voire atteindre 1h45.
Une telle mesure devrait être accompagnée d’un tarif attractif, en raison du surplus kilométrique. Elle permettrait de réduire le besoin de cars, notamment en début et fin de w-e, et donnerait à voir le potentiel d’usagers potentiellement intéressés par la liaison. Elle contribuerait à rapprocher Châteauroux et Tours, notamment pour les déplacements de santé ou d’études, ou pour rejoindre d’autres grandes lignes vers le sud, l’ouest ou la Normandie.
L’usager gagnerait ainsi sur de nombreux points :
- un temps de parcours réduit de 45 minutes à 1h environ ;
- des correspondances avec tout l’ouest de la France de Rouen à Bayonne à St-Pierre-des-Corps ;
- des toilettes ;
- plus de confort ;
- la possibilité d’emport de vélo ;
- la possibilité de travailler sur ordinateur, charger son téléphone…
Toutefois, une telle offre ne saurait répondre aux besoins des usagers des territoires intermédiaires situés sur la ligne historique le long de la vallée de l’Indre. Pour ceux-ci, la remise en service pour les voyageurs de la section Loches-Châteauroux reste pertinente.
Les premiers travaux pour le frêt
Refaire une ligne pour le frêt peut coûter jusqu’à 3 à 4 fois moins cher que pour le trafic voyageurs, notamment parce que cela ne nécessite pas de gares, donc de quais et de parkings, ni -en raison de la vitesse réduite- de passages à niveau automatisés ou de certaines signalétiques. Pour assurer la sauvegarde de la section Loches-Buzançais, il faudra sans doute en passer par cette étape intermédiaire. Le frêt au départ de Buzançais, pour rejoindre les ports de La Rochelle ou de Normandie, économiserait ainsi près de 100 km en passant par Loches plutôt que par Vierzon, tout en limitant l’impact sur des sections de ligne très fréquentées (Châteauroux-Vierzon et Vierzon-Saint-Pierre-des-Corps).