Une relance bienvenue des SERM (connus en France sous le terme RER)
L’annonce d’un objectif de 10 SERM (Service Express Régional Métropolitain) par le Président Macron a braqué l’intérêt, dans les métropoles, sur des services ferroviaires express, déjà développés dans des pays voisins. En France, les Régions Grand Est et Strasbourg, Nouvelle Aquitaine et Bordeaux avaient déjà travaillé des projets et lancé les premières réalisations.
Un « SERM / RER » permettrait à une bonne part des habitants de la métropole nantaise et de sa périphérie de disposer d’un moyen de transport rapide, articulé avec les transports urbains et les modes actifs (marche, trottinette et vélo). Il desservirait avec une régulière et forte fréquence tous les arrêts existants, plus quelques rares haltes nouvelles.
Du fait de la taille des aires urbaines qui atteignent les 50 km de rayon, les réseaux express sont nécessaires pour réduire les embouteillages et mettre en œuvre une transition énergétique et écologique, avec des déplacements accessibles à tous. La demande de déplacements augmente fortement, non seulement pour aller vers le centre, mais aussi de périphérie à périphérie, surchargeant le périphérique.
Les contraintes pour la réalisation du SERM sont fortes, les liaisons devant emprunter des voies uniques ou des axes chargés par différents types de train.
Premier projet à étoffer
La Région dans son projet « Stratégie Régionale des Mobilités 2030 » esquissait un réseau express (fréquence à la demie heure en heure de pointe sur les 5 branches de l’étoile ferroviaire nantaise ; mais avec une seule ligne traversante ou diamétrale Savenay / Ancenis, les autres gardant leur terminus en gare centrale, déjà bien chargée aux heures de pointe.
Ce programme cherche d’abord à limiter au maximum les investissements en s’adaptant aux infrastructures en place, sauf pour la ligne de Ste Pazanne, qui fait l’objet d’études d’améliorations et prévoie l’ouverture de la halte Bouguenais aéroport. Le programme n’est pas basé sur une étude précise des besoins, n’envisage pas de nouvelles haltes à vocation urbaine, ignorait le réseau urbain. Les différences tarifaires entre les réseaux qui engorgent les haltes les plus éloignées dans la métropole par les voitures du périurbain ne sont pas traitées.
La séparation des compétences de mobilité avec Nantes Métropole a entraîné un repli de chacun sur son domaine. Un programme d’ensemble couvrant tous les modes de transport de l’aire métropolitaine maximiserait les impacts positifs des investissements de chaque collectivité.
L’annonce présidentielle a conduit Nantes Métropole et la Région à élaborer dans l’urgence début 2023 un document commun reprenant le programme de la Région. Il a au moins obtenu que Nantes soit retenu dans la dizaine de SERM programmés.
Un programme ambitieux à la hauteur des enjeux
Nos associations (AUT PL et ANDE, participant maintenant au Collectif Fer) avaient depuis plusieurs années fait des propositions, s’appuyant sur les axes existants à moderniser :
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Liaison traversante ou diamétrale Est Ouest : Savenay / Nantes / Ancenis
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Liaison traversante ou diamétrale Nord Sud : Nort-sur Erdre / Ile de Nantes / Ste Pazanne, tracé déjà envisagé au siècle dernier par une voie ferrée toujours existante
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Liaisons, à compléter, partant de Carquefou et de Clisson vers une gare dans l’île de Nantes et/ou vers un terminus à Baco, à proximité du croisement des trams à Commerce
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Liaisons par bus sur voies protégées pour les zones mal desservies, et liaisons par cars entre les gares terminus, de manière à mieux desservir l’ensemble de l’aire urbaine
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Equipement en services et personnels compétents de gares terminus faisant fonction de PEM Pôles d’Echanges Multimodaux (Clisson, Ste Pazanne, Savenay, Nort sur Erdre, Ancenis), plus quelques autres en zone dense (Haluchère, Pont Rousseau/ Pirmil, Chantenay, etc…)
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Service permanent : fréquence élevée (au quart d’heure, à terme), au minimum de 6 h à 22 h – 365 jours par an, avec une desserte étoffée le WE
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Tarification unifiée sur le périmètre et donnant accès aux réseaux et services urbains.
Une gouvernance et des moyens à mettre en place rapidement
Les engagements financiers de l’État étaient d’autant plus attendus qu’il a négligé la maintenance et la modernisation du réseau ferroviaire classique depuis des décennies.
Ce qui est programmé dans le cadre du CPER (Contrat de Plan Etat Région) signé en Novembre 2023 permettrait de lancer les études nécessaires, d’améliorer des infrastructures, mais apporterait trop peu de réalisations très perceptibles par les usagers. Comparé à des projets plus avancés, le SERM nantais mobilise peu de crédits : une centaine de millions comprenant surtout des investissements prévus et utiles à l’ensemble des circulations (commande centralisée,..), des investissements d’accompagnement qui étaient déjà définis (parkings relais, axes vélos,..),
Un Contrat Opérationnel des mobilités avait été signé auparavant entre la Région et les Intercommunalités concernées (moins Ancenis !) : il pourrait servir de premier cadre de concertation pour le SERM. Il reste le plus difficile : mettre en place une gouvernance décisionnaire de ce SERM, une équipe technique dédiée, et des moyens.
La prise en compte globale des besoins devrait contribuer enfin à apporter une meilleure protection aux emprises ferroviaires. Après l’enlèvement des voies ferrées dans l’île de Nantes dont une partie pouvait desservir le futur hôpital, en correspondance avec les futurs trams, c’est SNCF-Réseau qui a coupé cet été l’axe Nord-Sud au passage à niveau du boulevard de Doulon.
Des actions à court terme bénéfiques à tous
Les habitants et usagers attendent une concertation globale, mais aussi sur chaque branche, où doivent s’exprimer les attentes, s’expliquer les contraintes, échanger sur les articulations avec les autres modes de transport.
Et ils attendent des réalisations, dont certaines sont envisageables sans budget supplémentaire important :
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Ouverture de la liaison traversante Savenay / Nantes / Ancenis, Les installations techniques pour stocker les trains à Savenay et Ancenis sont terminées
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Développement de Pôles d’Echanges Multimodaux entre TER, transports urbains et modes actifs. Par exemple à Chantenay (5 lignes de bus), les réseaux régionaux et urbains s’ignorent et la desserte TER est squelettique aux heures creuses.
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Halte programmée et financée de Bouguenais Aéroport, qui doit avoir aussi comme objectif de desservir les zones d’activité et les quartiers proches.
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Mise en œuvre, financée par le CPER, de l’amélioration de la voie ferrée vers Ste Pazanne et la côte, et amélioration de l’offre (un train chaque demie-heure)
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Création d’un arrêt à « île de Nantes » près du centre Beaulieu (TER, 3 lignes de busway et proximité du tram). Non financée actuellement, cette halte sur une double voie ne serait pas très coûteuse, mais donnerait une halte à l’île de Nantes, et un accès par correspondance immédiate, au centre ville et à différents quartiers.
Ceci permettrait de démontrer une réelle volonté des collectivités et de mobiliser les habitants pour des changements de comportement, alors que la part des déplacements automobile reste élevée et très contraignante à toutes les heures de pointe.
Ci -joint un article plus global et ancien sur l’étoile ferroviaire nantaise (JB Lugadet déc 2021 dans « Transports Urbains »)ARTICLE Etoiole Fer Nantes SUR CAIRN INFO TURB_139_0021