Le Conseil d’Etat vient d’enjoindre au gouvernement d’agir contre la pollution de l’air par le dioxyde d’azote et les particules fines « dans le délai le plus court possible ». Ce rappel à l’ordre impose au gouvernement et aux collectivités locales de prendre des mesures vraiment décisives et rapides.
Assez de mesures timides et partielles
Comme en matière de sécurité routière, les gouvernements précédents, craignant l’impopularité, se sont contentés de mesurettes alors que, selon l’agence Santé publique France, la pollution de l’air est impliquée dans le décès prématuré de 48 000 personnes par an en France.
La circulation routière est une des principales responsables de la pollution. Or l’expérience montre que le traitement des pics de pollution, la limitation de l’accès automobile à certaines zones urbaines, la limitation de la vitesse dans les centres-villes et sur les voiries périphériques, le covoiturage, la promotion (très coûteuse pour l’Etat) des véhicules électriques… sont des initiatives bien insuffisantes.
Un report modal des trafics routiers est indispensable
Les mesures efficaces sont connues, il est grand temps de les mettre en œuvre : les Français doivent disposer des moyens concrets de se déplacer autrement qu’en voiture, et les industriels d’un autre mode que le camion pour assurer le transport des marchandises. Il faut donc :
– développer massivement les aménagements cyclables, les infrastructures et l’offre de transports collectifs, et lancer rapidement le 4e appel à projets attendu depuis le Grenelle de l’environnement ;
– ramener de 10 % à 5,5 % le taux de la TVA appliquée aux transports collectifs de la vie quotidienne ;
– investir massivement dans la rénovation et l’extension du réseau ferré, et développer tous les services, voyageurs (TER, Intercités, TGV) et fret (en particulier transport combiné et autoroutes ferroviaires) ;
– légaliser le péage urbain et l’instaurer rapidement dans toutes les agglomérations où la pollution de l’air dépasse régulièrement les normes autorisées par l’Union européenne.
Une telle politique, qui peut être financée par la fiscalité écologique (hausse des taxes sur les carburants routiers, taxation du kérosène, écotaxe poids lourds), permettrait aussi de réduire la congestion routière, l’accidentologie, le bruit, les importations de pétrole, les émissions de carbone et les dépenses publiques (selon le Sénat, la pollution de l’air coûte plus de 100 milliards d’euros par an à la collectivité).
La Fnaut demande au gouvernement et aux collectivités locales de prendre enfin au sérieux la pollution de l’air en mettant fin à l’attentisme irresponsable et au bricolage dénoncés par le Conseil d’Etat : la santé de millions de Français en dépend.