L’ouverture du marché de la grande vitesse à la concurrence depuis 2021 a déjà permis de faire baisser les prix des billets sur les tronçons concernés comme le Paris-Lyon. La baisse des prix générale devrait être davantage une réalité avec l’arrivée de nouveaux acteurs dans les prochaines années. Merci à Maëlle Le Dru, du groupe EBRA pour cet article pertinent et brûlant d’actualité.
L’arrivée de Trenitalia sur le tronçon Paris-Lyon a fait globalement baisser les prix d’au moins 10 % depuis 2021.
La situation s’est inversée : l’avion est devenu un mode de transport populaire et le train un moyen de riche.
C’est le constat sans appel dressé par le président de la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut) François Delétraz, alors qu’un trajet en train peut coûter quatre ou cinq fois plus cher (et prendre beaucoup plus de temps) qu’un vol low cost. De fait, « sur un billet de TGV de 100 euros, il faut compter 40 euros de péage pour SNCF Réseau, 10 euros de TVA et quelques euros de bénéfice reversé à l’État », détaille le spécialiste du ferroviaire pour expliquer ces tarifs.
Plus de 10 % de baisse de prix sur le Paris- Lyon
Dans cette perspective morose pour le consommateur français, l’ouverture du marché des trains à grande vitesse à la concurrence représente une petite lueur d’espoir. Sur les tronçons déjà ouverts, comme Paris-Lyon ou le sud de la France, la baisse des prix est d’ailleurs déjà une réalité : l’Autorité de régulation des transports relève dans son rapport 2023 que le niveau de prix moyen sur le Paris-Lyon est inférieur de près de 10 % au niveau observé avant l’ouverture du marché. Selon l’agrégateur et revendeur Trainline, c’est même 43 % de baisse, mais ce chiffre est à nuancer car le volume d’affaires généré par la plateforme est très inférieur à celui réalisé par SNCF Connect.
En Espagne, l’arrivée de Trenitalia et de Ouigo (SNCF Voyageurs) sur les liaisons Madrid-Barcelone ou Madrid-Valence a été beaucoup plus disruptive : l’offre de trains a augmenté de près de 50 % et les tarifs ont baissé d’environ 30 %. Sur le reste du marché français, les prix des TGV continuent d’augmenter chaque année au même rythme que l’inflation – voire plus. On peut donc espérer des baisses de prix plus importantes ces prochaines années avec l’entrée de nouveaux acteurs sur de nombreux tronçons du territoire.
Pas une solution à tout
L’ouverture à la concurrence, c’est aussi davantage de fréquence de trains pour l’usager. Pour l’instant, certains usagers sont particulièrement gagnants comme ceux qui font Paris-Lyon avec l’arrivée Trenitalia (13 % de trains en plus en 2023 par rapport à 2019) ou Nîmes-Perpignan avec les services de la Renfe. Mais la concurrence pose aussi de nouveaux défis au consommateur, comme celui d’avoir accès à l’information totale pour son itinéraire : logiquement, pour l’instant, SNCF Connect ne vend que les billets de SNCF Voyageurs.
L’usager doit donc se rendre sur l’interface de chaque opérateur pour faire sa réservation ou sur un agrégateur comme Trainline. « Si on prend un aller-retour, on est lié à un opérateur et donc le passager a moins d’offre », souligne François Delétraz. Par ailleurs, une grande partie des Français, qui vivent loin de gares à grande vitesse, sont laissés-pour-compte dans cette histoire qui s’écrit sans eux.
Article paru dans EBRA écrit par Maëlle Le Dru
Crédit image, site Trenitalia