Un décret déclarant d’utilité publique la réalisation de la LGV Poitiers-Limoges a été signé le 10 janvier 2015 par le Premier ministre et la ministre de l’Ecologie. Pourtant le projet avait été sévèrement critiqué par la commission Mobilité 21, le Conseil d’Etat et la Cour des Comptes, et l’Etat stratège affirme vouloir privilégier le réseau ferré classique.
Si la Fnaut est favorable à une extension raisonnable du réseau des LGV, elle a désapprouvé de longue date le projet Poitiers-Limoges dont l’impact environnemental élevé ne serait pas compensé en termes de rentabilité pour le système ferroviaire ou d’utilité collective. Elle va donc déposer un recours contre la déclaration d’utilité publique auprès du Conseil d’Etat.
Le projet n’est pas techniquement justifié
Contrairement à la LGV Tours-Bordeaux en construction, le barreau Poitiers-Limoges ne concernerait qu’un bassin de population restreint et ne permettrait de transférer que de faibles trafics aériens et routiers sur le rail. Sa mise en service ne désengorgerait aucune ligne classique parallèle et surchargerait au contraire la LGV Atlantique entre Paris et Poitiers.
Le projet est dangereux pour l’aménagement du territoire
Le barreau Poitiers-Limoges assècherait et fragiliserait la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT). Selon RFF, il faudrait en effet, pour le rentabiliser, ramener de 11 aujourd’hui à 4 le nombre des relations quotidiennes qui subsisteraient sur la ligne POLT, ce qui pénaliserait le Centre et la Creuse de manière inadmissible et induirait un report de trafic sur la route.
Une alternative plus pertinente existe
Une desserte TGV de Limoges de performances comparables peut être obtenue par la poursuite de la modernisation de la ligne POLT puis, ultérieurement, par un branchement sur la future LGV Paris-Lyon passant par la région Centre (projet POCL), ce qui renforcerait la rentabilité du POCL.
Des choix rationnels sont nécessaires
Le financement de nouvelles LGV est suffisamment difficile pour que l’Etat, RFF et les régions se concentrent sur des projets utiles, techniquement bien conçus, bénéfiques à l’aménagement du territoire et économiquement viables : le projet Poitiers-Limoges n’en fait manifestement pas partie.
Après Montluçon-Ussel et Clermont-Ussel, de nombreuses lignes régionales et interrégionales vont disparaître faute de travaux de rénovation d’un coût bien plus modeste : au moment où l’argent public est rare, faut-il donner la priorité à un projet de prestige au détriment d’investissements indispensables pour éviter un enclavement ferroviaire de tout le centre de la France ?