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Billet d'humeur du Président n°7 : "Nouvelle classe « Optimum» en TGV, ou comment augmenter les prix de 2€ à 20€"

18 Nov 2025

Alors que les débats sur les transports s’intensifient, entre transition écologique, infrastructures vieillissantes et flambée des coûts, la question de la mobilité n’a jamais été aussi cruciale. François Delétraz, président de la Fnaut, livre chaque mois dans son « billet d’humeur », son regard incisif sur les défis et contradictions qui façonnent notre avenir en matière de déplacements. Ce mois-ci, c’est la création de la nouvelle classe « Optimum » en TGV qui l’a inspirée.

Il y avait tout simplement la Première. Puis la Business Première. Puis vint la Flex Première, et puis la Première Signature, et encore la Full Flex Première selon que vous allez à Genève ou à Karlsruhe… Collectionneurs, rassurez-vous : la liste n’est pas close. Voilà encore la Flexible, la Première Essential, la Première classe Prima et les tarifs Liberté Prima. Enfin, sur Eurostar, voici l’Eurostar Plus, et l’Eurostar Premier ! J’en ai sans doute oublié, car comme pour ses 12 sites internet, l’imagination de la SNCF est sans limite ! Et tant pis si le client – pardon, le passager – y perd son latin, et sa patience. À preuve, la création de cette dernière-née : la nouvelle classe Optimum.

Elle est censée remplacer tout ce fatras marketing aussi stérile qu’inefficace. On devrait s’en réjouir, mais hélas elle ne le remplace pas vraiment, tout en le remplaçant quand même. Bref, une strate de plus où vous ne comprenez rien, moi non plus d’ailleurs. Sauf si l’on a la clef de la charade qui est bien évidemment… financière, puisqu’elle induit une augmentation de 2€ à 20€ pour les billets de première, modifiables et remboursables en France.

Pour essayer de résumer : ce qu’on appelait la Business Première, valable pour les voyages en France et qui existait sur certains trains mais n’avait le même service selon la destination, cette Business Première donc est remplacée par l’Optimum. Cela, « dans un esprit de simplification » nous a expliqué la SNCF. Sauf que dans cette « simplication » s’assortit de quelques belles nuances.

C’est que la SNCF n’aime pas les formules franches. Elle préfère le flou. Le fameux « bleu » de Yves Klein c’est pas son truc, elle préfère les impressionnistes mais pas sûr que Monnet ait été un as du transport. Ainsi, sur le Paris-Lyon, il y aura de l’Optimum Plus, avec collation à la place et… un supplément de 20€ à 30€. Ceux qui veulent un billet Flexible sur cette même destination, auront droit à l’Optimum tout simple, entendez sans repas mais avec un supplément de 2€. Par ailleurs, les clients de ces deux classes n’auront plus le choix de leur voiture. Ils seront obligatoirement installés dans la voiture dédiée à leur catégorie. Enfin, pour faire « simple » comme on dit au campus des Etoiles à Saint Denis, sur « presque » toutes les autres destinations de et vers Paris, il n’y aura que de l’Optimum (les passagers avec carte Avantage seront quant à eux en première classe normale). Cerise sur le gâteau pour les porteurs de carte Liberté, si la voiture Optimum est pleine, ils voyageront dans une voiture de Première « normale », où par enchantement une classe de voyage qui n’existait pas au moment des réservations, et qui s’appelle Première Flex s’ouvrira. Pour autant, le passager n’aura pas le choix entre l’Optimum ou la Première Flex sans le supplément de 2€… C’est tellement simplifié que vous êtes perdus ? Voici un exemple pratique : Imaginez qu’avec votre carte Liberté vous souhaitiez un billet Flex pour Marseille. Vous serez désormais en Optimum. Hélas, au moment de choisir votre place, vous constatez qu’il ne reste qu’un siège coincé dans un club 4. Impossible de changer de voiture, même s’il y a de place ailleurs, et même si vous faites valoir que qui dit billet Flex dit possibilité de changement… Et qu’en est-il d’un passager en Optimum Plus qui change de train et se retrouve en Optimum, sans repas servi à la place ? Lui remboursera-t-on ses 20€ ?

En résumé, voici une réforme pour rien au regard de l’usager, mais pour beaucoup au bénéfice du chiffre d’affaires de la SNCF.

Dernière question : la SNCF offre-t-elle le Bled ou le Grevisse à moins qu’elle ne préfère le Bescherelle pour que le voyageur comprenne ses tarifications ?

Hélas, ce cadeau n’est pas prévu aux conditions générales de vente. Et c’est bien dommage.

Billet d’humeur n°8 (pdf)

Contact presse : Nina Soto, responsable communication et relations presse Fnaut : 07 67 78 06 24