La région des Pays de la Loire s’est lancée parmi les premières dans la mise en concurrence de l’exploitation des TER, répartie en 4 lots. Un centre de maintenance serait affecté à chaque lot, pour en faciliter l’autonomie et le suivi des coûts.
Un parc de matériel de plus en plus sollicité, et qui doit augmenter
Le centre de maintenance du Grand Blottereau, situé à la sortie Est de Nantes sur l’axe saturé Nantes Angers, gère actuellement l’ensemble du parc TER de la Région Pays de la Loire, de l’ordre de 115 rames, non compris les 24 rames tram-trains entretenues sur un autre site.
Ce parc roulant tourne de plus en plus et doit s’accroître : la Région programme l’achat d’une trentaine de rames, afin de poursuivre son objectif de cadencement horaire, renforcé à la demie-heure en pointe autour des 3 grandes villes régionales.
Afin de se rapprocher des circulations locales il est prévu un nouvel atelier hors Nantes, au Mans pour le lot « étoile mancelle », qui récupérerait une trentaine de rames.
Il n’y aurait donc pas d’accroissement du nombre de rames TER à entretenir à Nantes, mais cela suppose que les besoins à long terme ne dépassent pas ceux fixés par la Région.
Or plusieurs liaisons régionales et surtout birégionales demanderaient une desserte plus fréquente que celle prévue. La desserte périurbaine de l’agglomération nantaise est envisagée avec un cadencement à la demie-heure, alors qu’un cadencement au quart d’heure est nécessaire pour des aires d’attractivité de la taille de celle de Nantes, la 7ème en France, avec plus d’un million d’habitants.
D’autre part, Le Grand Blottereau entretient aussi les 15 rames « TET » (Trains d’Equilibre du Territoire, assurés actuellement par les
Intercités de la SNCF) dont les circulations ont été accrues récemment avec grand succès : de 2 à 3 rotations jour pour Nantes-Lyon, de 3 à 4 pour Nantes-Bordeaux. Dans le cadre de l’appel d’offre pour leur gestion, la DGITM (Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mobilité), a inséré l’option justifiée d’un TET nouveau Nantes-Lille via Angers, le Mans, Rouen et Amiens. Un nouvel opérateur devrait être désigné par le Ministère début 2025. Le potentiel de développement justifie donc un accroissement des capacités d’entretien à court ou moyen terme.
La découpe du site de maintenance entre plusieurs opérateurs est en cours
Le site actuel devrait donc avoir à accueillir 3 ateliers TER différents et un atelier TET. Le premier lot « Sud-Loire et tram-train » a été attribué à une filiale de SNCF-Voyageurs (SVLO) qui bénéficiera, d’un nouveau centre de maintenance en construction de 4,3 hectares au Grand Blottereau, et qui entretiendra au départ 37 rames thermiques ou électriques.
Alors qu’il ne restera au Grand Blottereau qu’au plus 10 ha pour l’ensemble des autres besoins recensés et futurs, le dossier de concertation de l’enquête publique pour ce nouveau centre ne donnait aucune indication sur :
- le technicentre indépendant pour les TET, à dimensionner pour un parc plus important que les 15 rames actuelles,
- les 2 futurs technicentres à envisager pour les lots TER « Boucle » (liaisons avec la Bretagne), et « Axe Loire » dont les rames devraient logiquement être entretenues au Grand Blottereau.
Qui pilote l’implantation des centres de maintenance ?
L’AUT Pays de Loire s’était inquiétée lors de l’enquête publique de l’absence du plan masse projeté localisant les différents centres de maintenance ; elle proposait aussi que celui dédié au lot « Sud Loire » soit installé au Sud Loire pour être plus proche des besoins, éviter la consommation de sillons à l’entrée Est de Nantes, et laisser de la place pour d’autres lots.
La multiplication des tâches et des centres de maintenance mobilisent du foncier supplémentaire. Des pistes évoquées par la Région : fusion de lots, voire délégations partielles d’entretien à des centres en région voisine, peuvent jouer sur les décisions.
Cette navigation à vue encourage le manque d’ambition de l’Etat. La création de la nouvelle liaison TET Nantes-Lille aurait du
plomb dans l’aile : il n’y a pas eu de commande de matériel, sous le prétexte « qu’il serait impossible d’entretenir un plus grand nombre de rames au Grand Blottereau ».
Faute de pilote, le premier demandeur de site, la Région, aurait été servie sans souci des autres besoins, guère promus par le Ministère et sans plan structuré de développement. Face aux besoins multiples, régionaux et nationaux, SNCF-Réseau ou la DGITM ne semblent avoir préparé ni l’évolution des besoins, ni la coexistence des demandes. Un comité de pilotage regroupant SNCF-Réseau, la Région et la DGITM se réunirait enfin…
Les voyageurs ne demandent qu’aucun des besoins potentiels ne soit sacrifié, alors que le ferroviaire est très demandé, et qu’il est indispensable à la décarbonation des déplacements, y compris de ceux ne passant pas par Paris.
Article paru dans Fnaut Infos n°311, rédigé par Dominique Romann, AUT Pays de Loire